mardi 25 février 2014

Premier amour

Une nuit de pleine lune,
sur l'une de ces plaines brunes
où j'aime tant ressusciter
mes visages dans l'immensité
 
de mon âme hantée par la perte,
tandis que la campagne inerte
et muette me laissait en paix,
très loin de toute humanité
 
trop harassée pour la bohème...
- je bricolais dans mes poèmes
 
quand soudain un bruit de la nuit
me rappela une autre nuit.
De ce frisson troublant mon coeur
tout mon passé fit son bonheur.
 
C'est toi ma petite brunette!
Je vois tu as gardé tes couettes
si chouettes! Je tirais dessus...
Ça t'irritait... Tu m'criais d'ssus!
 
Longtemps tu me courrais après...
Je te laissais me rattraper...
 
Nous roulions dans les hautes herbes...
Sous le soleil, ta peau superbe
perlait une sueur odorante
pareille au parfum de la menthe...
 
Un soir, venant le crépuscule
avec Vénus en minuscule,
tu m'embrassas du bout des lèvres!
Mon sang de huit ans chaud de fièvre
 
jamais ne tiédit dans mon lit...
Depuis ce jour, j'aime la nuit!

Violence

il essuie son front
l'océan roule en perles bleues
sur le corsage déchiré
la plage se couvre d'écume
il ouvre les yeux
l'indicible horreur
est là
sous ses yeux
sous son corps
une jeune femme
vêtements déchirés
à moitié dévêtue
pleure
nue dans sa houleuse souffrance
il sert les dents
dans un dernier recourt au déni
afin de passer sous silence
son propre déchirement
quelle ignoble ironie
il se mord les lèvres
la langue
si fort
à sang
pour ressentir la même brûlure
mais sa victime
à ses cotés
tremble
et gémit
il se décide
se redresse
marche vers l'océan qui le prend
la plage demeure
le femme se lève
très lentement
trahie par la vie à jamais
elle observe l'océan
la plage demeure
se couvre d'écume
deux jambes coupées
un filet de sang
la plage demeure
sous la marais montante

vendredi 21 février 2014

Vaincu par ton odeur !

vaincu par ton odeur
qui m'ouvrit au bonheur
et me valut la peine
de te perdre ô ma reine
je n'empêcherai rien
j'assouvirai ma fain
en guidant l'avenir
gràce à mes souvenirs
ainsi je t'aperçois
et puis venir à toi !

je sens que tu m'attends
comme on ressent le temps
sans savoir s'il existe
il est là qui persiste
aussi je vais sans bruit
telle une ombre la nuit
je m'approche de toi
qui tends la main vers moi
jusque là ton parfum
m'a ouvert le chemin !

je me glisse dans ton lit
tu m'attires dans ta nuit
chaude sanguine et calme
nous retenons nos larmes
de joie dans la douceur
d'être coeur contre coeur
nous étouffons nos rires
en mourant de plaisir !

lundi 17 février 2014

Les noyés

tu es la politesse
du manque et de l'absence
la fille en sueur et rires
qui m'a appris la vie
plus qu'aucune autre vie
tu es le lotus d'eau
qui disparut dans l'onde
sous ma main criminelle

la fille en sueur et joie
que tu fus autrefois
je l'ai aimée pourquoi
tu étais déjà loin
au delà de nous-deux
par delà le néant
d'où résonnait ma peur
de te perdre en coulisses

les nuits de tes yeux noirs
je les ai traversées
en défiant la méfiance
les jours de tes yeux clairs
je les traverserai
dans tes bras ma beauté
maintenant qu'il est temps
de danser de chanter

puis revenant d'où sais-je
tel un regard connu
mais sans âme en miroir
tu te livrais à moi
et libérais mes doutes
et battais des sourcils
faisant battre mon coeur
désarçonnant mes sens

grâce à ta pure odeur
et ta voix orgueilleuse
le monde où j'étouffais
secoua ses morsures
amour tu étais là
de nouveau à jamais
et le manque et l'absence
dans les fosses communes

les nuits de tes yeux noirs
je les ai traversées
en défiant la méfiance
les jours de tes yeux clairs
je les traverserai
dans tes bras ma beauté
maintenant qu'il est temps
de danser de chanter

saluons l'ironie
du manque et de l'oubli
il est temps de combler
le vide de l'absence
abreuvons-nous de nous
et moquons-nous des larmes
sur le thème inlassable
de nos vies éphémères

les nuits de tes yeux noirs
je les ai traversées
en défiant la méfiance
les jours de tes yeux clairs
je les traverserai
dans tes bras ma beauté
maintenant qu'il est temps
de danser de chanter

peu importe ta mort
l'instant présent nous lie
comme l'eau au noyé
la conscience au remord
et j'en suis dépourvu
corps sanglé à un lit
seul avec toi dans mon
asile d'amour fou



J'ai besoin de toi...

j'ai besoin de toi
comme les poumons ont besoin d'oxygène
je ne veux pas
que mon coeur fasse place au silence
j'ai besoin de toi
comme les enfants ont besoin de caresses
je ne veux pas
que ma peau se plisse et s'assèche
j'ai besoin de toi
comme les visages ont besoin de sourire
je ne veux pas
que le monde oublie la mélodie du rire
j'ai besoin de toi
comme les ciels d'été ont besoin du soleil
je ne veux pas
que nos yeux soient des repères à fantômes

et toi
dis-moi
as-tu
as-tu
besoin de moi

mardi 11 février 2014

Absence

Je garde jalousement mon amour pour toi
Mais tu es loin maintenant,
Le chemin se couvre d'herbes, de pluie et de cendres,
Je perd ta trace.
Tandis que tu disparais dans la noirceur de mon dépit
- pâle fantôme sans lèvres ni sourires -
Tes rires me manquent tout autant qu'ils me hantent.

A Cyrano

A toi,
Ami,
Pour ton courage généreux
En amitié comme à la guerre,
Pour ta souffrance rentrée
- l'égale de ta fiévreuse soif de vivre -
Pour ta main
Offerte à l'épée comme aux catins,
Laquelle, traversant
De solennelles couronnes d'épines,
Sut toujours saisir le fruit défendu
- mûr de désirs.

Et pour tes mots

Ecrits ou joués
- tout bas, tout haut -
Pour ton panache face à la mort
Et ta faiblesse face à l'amour,

Je dirai ceci à Roxanne:


" Sur le tard remise à Dieu, vous n'avez pas aimé - votre dévotion et votre amour d'un défunt filoutant à un homme la gloire d'être par vous aimé. "

Ainsi mourut Bergerac.