Une nuit de pleine lune,
sur l'une de ces plaines brunes
où j'aime tant ressusciter
mes visages dans l'immensité
de mon âme hantée par la perte,
tandis que la campagne inerte
et muette me laissait en paix,
très loin de toute humanité
trop harassée pour la bohème...
- je bricolais dans mes poèmes
quand soudain un bruit de la nuit
me rappela une autre nuit.
De ce frisson troublant mon coeur
tout mon passé fit son bonheur.
C'est toi ma petite brunette!
Je vois tu as gardé tes couettes
si chouettes! Je tirais dessus...
Ça t'irritait... Tu m'criais d'ssus!
Longtemps tu me courrais après...
Je te laissais me rattraper...
Nous roulions dans les hautes herbes...
Sous le soleil, ta peau superbe
perlait une sueur odorante
pareille au parfum de la menthe...
Un soir, venant le crépuscule
avec Vénus en minuscule,
tu m'embrassas du bout des lèvres!
Mon sang de huit ans chaud de fièvre
jamais ne tiédit dans mon lit...
Depuis ce jour, j'aime la nuit!